Three poems
[j’emprunte à l’oiseau]
j’emprunte à l’oiseau
l’incertitude du prochain buisson
je ne sais quel temps il fera
de l’autre côté de la migration
mais le monde s’ouvre à moi
riche de carrefours
que l’envol me porte
me porte encore loin de la clameur
loin de la basse-cour
loin des coqs dressés pour le combat
[quelle ombre vient de nouveau]
quelle ombre vient de nouveau
ternir le ciel apaisé
en ce jour où le martinet
entonne le chant de la réconciliation
je dis au vent
de remuer les feuilles mortes
de ployer les branches des filaos
d’essorer la robe de la voûte céleste
d’étouffer les plaintes de la roche
[au deuil de la flore]
au deuil de la flore
il faut rajouter les essences piétinées par le bétail
les nasses qui ne capturent plus d’anguilles
l’éternuement de la terre aride
les antres habités par des fauves squelettiques
[I adopt from the bird]
I adopt from the bird
uncertainty about the next bush
I don’t know what the weather will bring
on migration’s other side
but the world opens to me
rich in crossroads
let my wings carry me
carry me farther away from the hue and cry
away from the barn
away from the cocks trained to fight
[what shadow comes once more]
what shadow comes once more
to tarnish the serene sky
on this day when the swift
begins to sing of reconciliation
I tell the wind
to toss dead leaves
to bend filao boughs
to wring the gown of the heavenly vault
to muffle the moans of rock
[to the loss of flora]
to the loss of flora
we must add the species trampled by cattle
the traps no longer catching eels
the sneezing of arid soil
the dens where skeletal wild beasts dwell
From Tant que les arbres s’enracineront dans la terre, Montréal, Mémoire d’encrier, 2004.
Image by Yusuke Nagaoka.
